Marie-Claude DUXIN

LITTERATURE

« L'enveloppe vide »
Roman publié aux éditions Gunten.

Le personnage de Vicky est artiste plasticienne, la création accompagne toute sa vie, l'aide dans sa quête de réponses à ses interrogations existentielles.

J'ai achevé plusieurs nouvelles et poursuis le travail d'écriture, sans tenter - pour l'instant - de republier.

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Extrait : « Forte impression d'horizontalité, mon oeil relie les arbres et le champ de blé comme deux aimants, deux mouvements de vie. Je trace des lignes et des contacts. Au début mon regard suit par jeu un chemin qui serpente et monte ou descend. Puis ma vision s'affine, se prolongeant en lignes bordures de champs. La Montagne grandit, monte dans le ciel, s'incline sur sa droite. Il y a comme une énergie qui gonfle les volumes. Mes dessins tentent de capter ces gonflements, boursouflures, appels des flancs de la montagne. [...]

J'écris dans le ciel bleu des temps de froidure, sur le nuage suspendu au-dessus de la Montagne, sur les aiguilles toujours vertes des sapins. Mais aussi au creux des sapinières dont les ombres ressemblent tant au néant ou au trop plein des choses que la peur nous prend de les visiter. »

 

Marie-Claude DUXIN, L'Enveloppe vide, Dole, Gunten, 2007, 126 p. 12 euros

Ce qui m'a frappé d'abord, dans L'Enveloppe vide, de Marie-Claude Duxin, c'est la maturité de l'écriture. Une qualité rare pour un premier roman. L'auteure y raconte une vie de femme, certes, ses rencontres, ses illusions et désillusions comme un faisceau de souvenirs dont la dimension picturale s'avère efficace à restituer ces couleurs qu'on ne voit pas mais qu'on devine : celles de la sensibilité de la narratrice lancée dans une quête impossible et passionnée d'une mère adorée mais disparue, et surtout d'un père absent, père objet d'attirance et de crainte qui « devient intouchable comme peut l'être ce qui est divin ».
Le propos s'inscrit entre les deux pôles des mots et de la pein­ture, du langage et de la couleur, l'un et l'autre cités, commentés, mais surtout proliférant dans une certaine hésitation du sens féconde à solliciter notre imaginaire : « Mes gestes dessinent des lettres sur la toile, je mêle à la couleur des mots comme : terre, astre, père, mère. Je les inscris plusieurs fois avec une énergie nouvelle ».
Énergie est peut-être le mot-clé de l'ouvrage. Ce livre nous fait partager en effet une aventure intérieure, bouillonnante, vécue et retranscrite au jour le jour, au fil de hasards signifiants, de rêves et de silences où la vie passe « comme un plateau, avec entrées, couloirs, sorties... », où l'auteure se conçoit comme « un accident du passé, une hypothèse dans le futur » et où son cœur « ondule dans une paroi sèche, une enveloppe vide ».
Précieuses comme une confidence, ces pages sont d'une artiste authentique, souvent blessée, mais forte d'une indompta­ble volonté de déchiffrer les arcanes de l'existence tourmentée de Vicky, une héroïne qui souvent nous ressemble.

Jacques Rittaud-Hutinet